Dig & Spike Volleyball

L'approche des vacances aidant, voici une nouvelle catégorie d'articles réservés aux sportifs sur canapé. smiley Et tout comme dans la réalité, le volley n’est pas un sport mis en valeur dans le monde vidéoludique. Y trouver la perle rare va s’avérer tenir de la gageure.

Nous vous présentons donc aujourd'hui le premier test de jeu-vidéo de volley sur le site de l’ASCVB.

Vous pouvez ressortir vos vieilles manettes de Super Nintendo : il s’agit ici d’un jeu développé par TOSE (Game & Watch Gallery 2, Dragon Ball Z: Super Butōden 2) et édité en 1992 par Tonkin House (Gun-Nac, Dusty Diamond's All-Star Softball) et en 1993 par Hudson Soft, éditeur qui a fermé ses portes assez récemment, en 2012, et dont le titre le plus connu était Bomberman. Dig & Spike Volleyball, puisqu’il s’agit de notre sujet, est-il à la hauteur de cette énorme référence ?

 

Le truand
 

Ça donne envie, hein ?

La console tout juste allumée, l'écran de présentation nous montre un ancien ballon de volley (oui, vous savez, les tout moches et blancs que vous aviez au collège), surmonté du titre sous fond de filet, ainsi qu’un joueur, certainement un ancien boxeur au vu de son faciès, qui a l’air d’éprouver sinon de la joie, au moins un semblant de fierté dans le point qu’il a dû certainement marquer. Bref, pas de quoi fouetter un chat, d’autant plus que la musique d’intro est loin d’être inoubliable ; on va dire qu’il faut bien se nourrir et que le compositeur a trouvé là un éditeur qui pouvait lui payer sa pitance sans être trop regardant…

Si vous avez le courage d’attendre quelques secondes, vous avez droit à une démonstration du jeu. Un jingle d’ouverture retentit alors et on assiste à un match de beach-volley féminin ! Ah bon ? Oui, la présentation cache bien son jeu (si je peux m’exprimer ainsi) et les demoiselles en maillot une-pièce commencent leur match avec talent. Ouf, pas de musique ici, juste des jingles lorsqu’un point est marqué ; et pour le coup, ils s’intègrent parfaitement dans la partie ! Et nos joueuses alors ? Techniquement, c’est irréprochable, bien que rapide (j’en aurai la preuve juste après). Nous voyons la partie droite du terrain, la joueuse qui sert et l’on suit le ballon à travers un scrolling vers la partie gauche, de l’autre côté du filet ; réception parfaite, passe, smash ! Tout ça est très bien géré par la console et l’on se dit que l'on peut passer un bon moment.

Lorsque la démo cesse, l’écran de présentation refait son apparition, et si vous avez encore une fois le courage de subir l’écoute de l’introduction, une autre démonstration commence, cette fois-ci sur un vrai terrain, au sein d’un gymnase, avec des équipes masculines de 6 joueurs. Le jeu semble assez complet au vu de ce qu’il propose.

Allez, une dernière chose concernant les joueurs et joueuses ; ils n’ont pas de visage ! Je veux dire qu’aucun œil, nez ou bouche n’est représenté. Pour autant, le graphisme est agréable et cette représentation n'est pas gênante, une fois la surprise passée ; on reconnaît les différents joueurs par leur chevelure… et même par leur façon de jouer ! Oui !

Bon, ça suffit, place au jeu ! « Push start » and then, you have the choice : « Volleyball » ou « Beach Volley » (bon, là, si vous m’avez suivi, vous n’avez plus d’effet de surprise) et pour chacun de ces choix, vous pouvez jouer contre la console ou jouer à deux. Le mode « Volleyball » vous présente également un entraînement ainsi que la Coupe du Monde (ben voyons, soyons fous !) ; le mode « Beach Volley », lui, vous propose de jouer à deux contre la console ou le « World Challenge ». (Un petit mot sur la musique lors de ce choix : moins désagréable que celle de la présentation, on se demande même pourquoi les deux musiques n’ont pas été inversées, cela motiverait un peu plus les joueurs !)

Commençons par le Volley-Ball indoor : au choix, 8 équipes, Cuba, Russie, Etats-Unis, Italie, Pays-Bas, Brésil, Japon, Algérie. Je veux pas dire, mais… on est où, nous ? On était tellement mauvais en 1992 que TOSE ne daigne pas nous représenter ?1

Au hasard, je choisis le Japon (hein, c’est le hasard !) et pourquoi pas les Etats-Unis pour la console. S’ensuit encore quelques choix : un match en 1, 3 ou 5 set(s), un score qui commence à 0, 5 ou 10 points (pour raccourcir la durée des matches) et beaucoup plus surprenant, un système de points en Side-Out ou Rally. Le mode Rally est tel que nous le connaissons aujourd’hui, chaque échange donnant un point à l’équipe qui le remporte. Or, cette façon de compter n’a été approuvée qu’en 1998 et effective en 1999 ; je rappelle que ce jeu a été créé en 1992 où le système de points en Side-Out était la règle : seule l’équipe qui avait le service pouvait marquer le point. Dig & Spike Volleyball, en avance sur son époque ? Il faut croire !

Enfin, le jeu commence après une décision aléatoire concernant l’équipe ayant le service en premier. Bon, manque de bol (!), il s’agit de la console. Let’s go !


La brute
 

Où l'on devine que ne pas être synchro vous fait lamentablement échouer.

Comment dire ?... Première mi-temps… 8-0 dans la figure ; je n’ai rien compris aux déplacements de mes joueurs, le fait que l’écran scrolle d’un terrain à l’autre n’arrange rien et si par miracle, j’arrive à réceptionner et ô joie ! à réaliser une bonne passe, mon attaquant saute dans le vide sans smasher !

La persévérance est de mise. Deuxième match : un peu par hasard, je marque un point, plus par erreur de réception de la console que par réel jeu. Soit ! A moi le service ! Même le public m’encourage ; pas génial, le sample qui se répète sans fin, mais au moins on se sent un peu soutenu. Allez ! … Mais… Mais c’est quoi, ce blaireau ? Il lance la balle en l’air sans la taper ??? Un peu rageant quand même mais ne désespérons pas.
 

Ouais, j'ai marqué !

Yes, au bout de trois-quatre réceptions réussies et d’autant de bonnes passes (je m’aperçois alors que celles-ci sont gérées de bout en bout par la console…), j’arrive à smasher en bonne et due forme dans la piscine de l’adversaire ! Il était temps. Un jingle m’annonce mon point gagnant ! Yes. Bon, au final, battu 15-3, ça pique, mais c’est encourageant.

A noter que comme je le disais, chaque joueur semble avoir une personnalité ou en tout cas une technique propre ; par exemple, certains exercent un service smashé quand d’autres restent les pieds sur terre. A ce propos, autant les joueuses de beach-volley se reconnaissent à leurs cheveux et leurs maillots, autant ici, toutes les coupes et les couleurs des cheveux, à de rares exceptions près, sont les mêmes ; seul moyen de reconnaître les joueurs : la couleur de leurs genouillères (ce qui me semble totalement surréaliste dans une équipe nationale) !
 

T'as vu comme je te le contre,
ton smash pourrave ? Hein ?

Sans manuel, pas facile de comprendre comment tout ce petit monde fonctionne, c’en est dommage car on se dit qu’il y a un petit potentiel ici. C'est juste qu'on n’arrive pas à le mettre en œuvre !

… Ou alors, le jeu est vraiment du foutage de gueule ! Parce qu’on a l’impression qu’il faut juste taper au bon moment pour réaliser la réception, un smash et le service quand on arrive à l’avoir !
 

 

Les contres ? Oui, ils sont gérés, aussi bien par vous que par la console. Par contre, quid du soutien ? Jusqu’ici, il m’a été impossible de le gérer. Rageant ! (Répétez plusieurs fois et rapidement ces deux derniers mots, juste pour le plaisir ! cheeky)


Petit paragraphe à l'intention des honnêtes gens :

  • où l’on découvre que quatre types de services sont gérés, en fonction du bouton sur lequel on appuie, service cuillère (bouton A), service flottant (B), service smashé (X), service top spin (Y)… ;
Service flottant Service top spin Service smashé Service cuillère
  • où l’on découvre qu’un service let est compté comme une faute (oui, on est en 1992 !) ;
  • où l’on découvre que la coupe du monde ne s’effectue qu’en Side-Out : cela est tout à fait normal pour une simulation de cette époque, mais bonjour les matches à rallonge et les points non marqués lors d’un échange ; à la longue, cela peut s’avérer frustrant. Pour éviter un tant soit peu cet écueil, les matches commencent à 5 points…
Pleurons ensemble, mes amis !

Parlons-en, de la coupe du monde ! A mon niveau, je commence à maîtriser les différentes techniques qui me permettent de marquer : smash en plein dans la piscine, contres déterminants… et pourtant, se faire aligner est règle courante. Pour preuve, un premier set contre la Hollande où j’ai été battu 15 à 6… autrement dit, avec cette angrynoangry de règle de Side-Out, je n’ai réussi à marquer qu’un seul petit point malgré de nombreux échanges. Cela n’aurait rien changé pour le vainqueur, mais la frustration s’accumule.

  • où l’on découvre également que les flèches de direction servent à diriger vos défenseurs, que ce soit en réception ou en contre… ;
  • où l’on découvre que les flèches de direction peuvent non seulement diriger les joueurs qui vont agir sur la balle mais aussi la direction de la balle. Exemple : au smash, appuyer également sur la flèche basse vous permettra d’atteindre le coin qui sera découvert du côté bas du terrain de l’adversaire ; ça peut toujours être utile ! (Et c’est comme ça que j’ai cru battre Cuba en commençant un match à 7 – 5 (Ouah !)… pour me faire écraser 7 – 15 (no comment!)…) Attention néanmoins au service : la plupart du temps, cela vous enverra la balle hors du terrain !
  • où l'on découvre une bonne idée (si ! si !) : la sauvegarde après un match. Oui !

 

Le bon ?
 

Vu comme ça, ça a l'air cool, hein ?

Et qu’en est-il du Beach ? Ici, nous n’avons droit qu’à des équipes féminines (à croire que seuls les hommes savent jouer au volley, au vrai, au dur, dans un gymnase… Je vous ai déjà dit que j’adorais le sexisme ? Grrr…) Alors, quelles sont les nationalités présentes ?... Que nenni, mon bon monsieur ! Et non, ici vous choisirez une équipe de deux joueuses en fonction de trois caractéristiques : force, saut et vitesse. Il n’y a pas forcément un équilibre entre toutes les équipes et certaines peuvent être douées en tout… comme d’autres en rien. Aurait-on enfin droit à un jeu un peu plus facile cette fois-ci ? Nous verrons bien. Comble du bonheur, vous pouvez même vous permettre de choisir l’équipe de la console (tout au moins, hors du championnat mondial). Lors du choix du set, du système de points et du nombre de points en

Le calme avant la tempête...

début de set, nous avons même droit aux dessins des joueuses dans un style kawai très Mitsuru Adachi. Quoi qu’il en soit, choisissez vite et bien, la musique est indigente ici…. A la rigueur, coupez le son !

Lors du match, le bruitage nous fait bien comprendre qu’on est à la plage : vagues et même… mouettes (enfin, je crois !). Heureusement, on n’y fait pas trop attention pour se concentrer sur le jeu en lui-même.

Alors, équipe d’un grand niveau pour moi et équipe faible pour la console. Y a pas à dire, ça fait du bien pour l’ego. Si si ! Première mi-temps : 8 – 5 pour moi (on peut largement mieux faire, voire 8 – 0

Champagne !

sans trop de problème, je pense ; les ace sont faisables facilement). Pour preuve, je finis sur un score de 15 à 6 ! Champagne !

Bon, après cette mise en bouche, je vous rassure, prendre une équipe un peu plus dangereuse pour la console nous fait revenir à nos premiers amours, 8 – 0 en ma défaveur à la mi-temps. Ici, se diriger grâce aux flèches devient capital avant d’effectuer la moindre manchette. Petit truc : vous dirigez la joueuse qui clignote. Ça a l’air évident, dit comme ça… je vous laisse vous faire votre propre opinion lorsque vous n’aurez qu’une demi-seconde de réflexion…
 

 

 

Les différentes coupes de Beach

Et la coupe de Beach, ça donne quoi ? Pleurez mes amis, vous n'aurez le droit de choisir que des caractéristiques MI-NA-BLES pour vos deux joueuses… J’ai l’impression d’avoir des tendances masochistes des fois… Essayons quand même ! On nous propose de jouer les coupes du Japon, de l’Italie, du Brésil ou des USA, ou tout simplement de réaliser un entraînement (et là, vous me direz « Et c’est quoi la différence par rapport à un match classique ? »… Hum, je vous répondrai : « Les caractéristiques ! »). Je vous ai dit « minable » ? Ça se confirme, face à

Quand l'adversaire vous nargue...

un service calamiteux de lenteur, ma joueuse se déplace à la vitesse d’un escargot à reculons ! Inévitablement, 8 – 0 dans la face à la mi-temps. A la deuxième ? La raclée du siècle ; 15 – 1 (ah oui, je tiens à dire que la console a réalisé un joli Out dont je profite !). J’ai l’impression de jouer tel un manchot : réceptions en retard, smashes ratés et toujours cet adversaire qui attrape chacune de mes balles lorsque j’ai l’occasion d'attaquer à peu près correctement. A vous dégoûter !

Bizarrement, le match que j’ai testé lors du championnat du Japon s’est conclu par un 15 – 5 / 15 – 6. Il est donc possible d’arriver à rattraper quelques balles et surtout d’en placer de correctes.


Toi, tu creuses !

Alors que conclure de tout ça ?

Les graphismes sont assez mignons et détaillés pour reconnaître ses joueurs, c’est le principal et les animations sont bien transcrites. Vous ne pesterez pas contre une action non prise en charge par le jeu, cela réagit bien et vite. Vous n’en direz pas autant sur la musique : autant celle-ci peut être discrète ou accompagner un point marqué de façon agréable, autant elle peut être assez criarde à d'autres occasions pour qu’on ait l’envie de couper le son.

Et sinon, l’idée du Indoor et du Beach, deux-jeux-en-un, c'est une bonne idée ? Le beach-volley serait-il un prétexte pour se rincer l’œil ? Euh… non… je ne pense pas que l’on puisse considérer les maillots une-pièce comme le summum de l’érotisme, fut-il pixellisé. Alors quoi ? Eh bien, essayer de retrouver les sensations du 2 x 2, de se placer là où il faut quand il faut. En fait, vous n’avez que très peu de temps d’analyser la trajectoire de la balle, le scrolling du terrain n’aidant en rien cette analyse. En soi, cette difficulté est moins présente dans le championnat indoor.

Graphisme : 15 / 20
Son : 13 / 20
Animation : 15 / 20
Richesse : 18 / 20
Scénario : 10 / 20 ?
Ergonomie : 14 / 20
Notice : Non consultée
Longévité :

2 / 20 pour joueur occasionnel

15 / 20 pour joueur expérimenté

Note Finale*

 

14/20

*Ceci n'est pas une moyenne des notes précédentes.

On peut toutefois regretter le parti trop sexiste du jeu : il s’adresse clairement à des joueurs mâles pour qui le sport, le vrai, s’effectue en salle et où on laisse les petites nénettes faire mumuse à la baballe à la plage.

En ce qui concerne la difficulté du jeu, on regrette vraiment de ne pas pouvoir franchir certaines étapes et de ne pas commencer par des équipes faciles ; ça peut vraiment être décourageant pour des joueurs occasionnels et c’est pour moi, le gros point noir de ce jeu. Après je ne sais combien d’essais, je n’arrive à marquer que quelques points alors que je pense maîtriser la plupart des actions. C’est d’autant plus dommageable que ce jeu a beaucoup de potentiel ; les services tout comme les différents smashes sont variés, les attaques de la console peuvent être foudroyantes, notamment quand deux joueurs vont à l’attaque, que l’on pense contrer le bon alors que le deuxième vous assène un smash mortel ; les passes faites depuis le bord du terrain sont également dérangeantes… Bref ! Un jeu extrêmement complet gâché par une difficulté que l’on a bien du mal à maîtriser.

C’était pratiquement un sans-faute et seuls les joueurs persévérants arriveront à maîtriser la console. Enfin s’ouvrira à eux un monde où ils pourront crier dans leur salon « Yes ! Je t’ai eu, saleté ! » (oui, à ce niveau, vous perdrez toute notion de politesse) et le cœur léger, vous appellerez vos amis, vos enfants, vos parents pour se mesurer à vous, histoire de prouver qui est ENFIN le patron !

 

1Vérification faite, lors des J.O. de 1992, la France s’est retrouvée 6ème et dernière de sa poule et n’a même pas pu accéder aux quarts de Finale. Nous finissons quand même 11ème et avant-dernier, devant l’Algérie, pourtant représentés dans le jeu. S’agit-il alors d’une décision du développeur de représenter le maximum de continents ? La question reste ouverte.

De même, lors de la Ligue Mondiale de Volley-Ball de 1992, la France est quatrième et dernière de sa poule et n’accède pas non plus à l’étape suivante, les Final Six. Au classement, on se retrouve encore 11ème et avant-derniers, devant l’Allemagne, cette fois-ci non représentée dans le jeu.

Conclusion : oui, la France n’était pas au mieux de sa forme en 1992 !


Autres avis

[Nes Pas?] Test - Dig & Spike Volleyball sur Nintendo SNES (Hudson Soft, 1993)
Jason Salas' WebLog - Hey, console game developers: we need more indoor volleyball titles!

Wikipedia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dig_And_Spike_Volleyball

Jouer en ligne

Play Dig & Spike Volleyball Nintendo Super NES online | Play retro games online at Game Oldies

Où se le procurer ?

  • Ce jeu n'étant plus à la vente, vous ne pourrez le trouver qu'en occasion et qu'avec beaucoup de chance, aucune diffusion européenne n'ayant apparemment eu lieue lors de la mise sur le marché.
  • Par émulation : SNES-FR.NET | Dig & Spike Volleyball

Quel émulateur ?

Commentaires