Les années 70 en résumé : Orange et Marron... |
Un peu par hasard, j'ai testé le plus vieux jeu vidéo de volley-ball jamais réalisé.
Et tenez-vous bien, il date de 1974. Oui, il y a 41 ans !
Jeu d'arcade édité par Atari, que vaut-il aujourd'hui ?
"Seul Atari peut vous offrir ce tout-en-un"1
Démonstration du jeu |
La première fois que j'ai entendu parler de ce jeu n'est pas si lointaine. En effet, le magazine retro GAMER Collection Volume 1 (normalement, toujours en vente jusqu'à fin juin) en parle dans un encadré à propos du jeu Breakout. Bien plus qu'un clone du classique des casse-briques, il s'agit plutôt d'un des descendants de l'illustre ancêtre Pong.
Pour resituer un petit peu le contexte, nous sommes en 1974, même pas un an et demi après la sortie de Pong. Rebound n'est ni un jeu de console de salon ni de micro-processeur. Celui-ci est sorti uniquement en salle d'arcade et de son côté technique, nous ne retiendrons que le fait2 que comme tous les jeux de l'époque, aucun micro-processeur n'entre en compte sur son circuit imprimé ; il est uniquement fait appel à des composants électroniques et des circuits logiques.
"Un tout nouveau jeu de ballon"1
Un design... carré... |
Vous voyez Pong avec ses deux raquettes verticales de chaque côté de l'écran ? Imaginez maintenant que les raquettes (je parle des rectangles que vous pouvez déplacer !) sont posées à même le sol, horizontalement, et qu'une sorte de filet soit posé au milieu de l'écran. Voilà, vous avez Rebound !
Des raquettes dans un jeu de volley-ball ? Oui. Les raquettes, c'est votre joueur et le joueur adverse. Et n'imaginez pas une seconde pouvoir jouer contre une quelconque intelligence artificielle. Non, vous vous opposerez à un joueur humain (ou à votre chat, mais c'est déjà moins tripant !) et là, comment dire ?... Soit vous essayez de vous resituer 40 ans en arrière (putain ! déjà !) soit vous allez au devant d'une déconvenue expresse.
Le petit plus ? Une gestion certes élémentaire de la gravité mais qui a le mérite d'exister : c'est en effet Rebound qui introduit la première fois cet élément dans un jeu vidéo.
Oui, le filet s'agrandit ! |
A l'origine, le jeu devait s'appeler Volleyball (pourquoi faire compliqué ?). Y a-t-il eu prise de conscience des développeurs ou des marketeux pour changer ce nom ? Quoi qu'il en soit, ce qui rapproche ce jeu d'un jeu de volley-ball tient en peu de points : le filet (et encore, on peut plutôt penser à un filet de tennis : celui-ci est posé sur le sol) et le fait que chaque joueur a droit à trois touches uniquement ! C'est à peu près la seule règle respectée : en effet, toucher la balle une quatrième fois donnera un point à l'adversaire.
A ce propos, et contrairement au règlement en vigueur à l'époque, les points sont comptés dans le système Rally3, certainement plus pour que les ingénieurs puissent réutiliser la procédure de comptage de Pong que par réelle anticipation du réglement à venir 25 ans plus tard. A noter que les propriétaires des salles d'arcades pouvaient paramétrer un match gagnant en 11 ou en 15 points.
Alors, comment ça se passe ? Une balle (carrée) tombe du ciel... Oui, dit comme ça, ça paraît étrange, mais vous n'allez pas vous offusquer pour si peu. Le joueur qui réceptionnera la balle devra la renvoyer vers le terrain adverse. Avec un peu d'entraînement, vous pourrez mettre votre adversaire dans une position délicate pour rattraper la balle4.
Et en pratique ? Le déplacement de vos raquettes va s'avérer délicat. Ou c'est trop, ou c'est trop peu. Combien de balles allez-vous rater parce que la précision n'est pas fameuse ? Combien de balles allez-vous garder pour vous-mêmes plus de trois fois pour la même raison ? Imaginons quand même que vous faisiez avec. Il vous faudra également ne pas envoyer la balle derrière la ligne de fond ou dans le filet ; dans les deux cas, vous perdrez le point.
Plus surprenant encore, à chaque aller-retour réussi, le filet grandit ! "Du vrai volley-ball"1, hein ? Mais oui, souvenez-vous : on s'amuse beaucoup à redresser les poteaux dans les matches. Si, si !
"Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie...
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?"
Les options : Nombre de ponts gagnants |
Au-delà de l'aspect technique qui nous apparaît complètement dépassée aujourd'hui, si l'on se resitue dans le contexte et si vous avez la curiosité de consulter la documentation, il fallait carrément du génie pour faire joujou avec ces composants électroniques sans utiliser aucun langage informatique ! Un vrai tour de force !
Bien sûr, les graphismes sont on ne peut plus simples, juste de quoi comprendre synthétiquement de quoi il en retourne (et c'est peut-être là toute la force des jeux de l'époque : nul besoin d'esbrouffe pour s'y impliquer). Pourtant, à trop vouloir économiser et reprendre les anciens circuits électroniques de Pong, Rebound en devient trop minimaliste. Si on le compare à des jeux de la même époque utilisant la même architecture (n'en déplaise à Thomas), on remarque par exemple beaucoup plus de détails dans le dessin des vaisseaux de Space Race ou du circuit de Gran Trak 10. Dommage pour nos volleyeurs !
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Note Finale*
2 / 20 7 / 20 si l'on fait abstraction du volley-ball *Ceci n'est pas une moyenne des notes précédentes. |
Dommage aussi pour les contrôles des joueurs qui peuvent être autant délicats à manier qu'approximatifs. Néanmoins, avec un peu de pratique et si vous arrivez à situer votre raquette là où vous voulez la placer, vous pourrez mettre en difficulté votre adversaire en l'envoyant soit dans le fond du terrain soit tout proche du filet.
Alors, si vous trouvez quelqu'un d'aussi foldingue que vous pour jouer à cette antiquité, vous pourrez vous amuser à taper de la balle et à essayer de marquer quelques points. Tout dépend de votre capacité à retourner aux sources sans aucune fioriture autre qu'un gros score marqué en haut d'un écran et qu'un bip deux-tons monotone chaque fois que la balle est touchée ou perdue.
En clair, si Pong vous amuse par son côté dépouillé, Rebound pourra être un challenge supplémentaire. A contrario, si vous faites parti de ces joueurs pour lesquels le côté historique de la chose n'a aucun intérêt, vous aurez vite fait de jouer à une partie voire deux et de passer à autre chose assez rapidement.
Pour autant, qualifier ce jeu de volley-ball me paraît assez délirant, même pour l'époque ! Faire espérer retrouver ne serait-ce qu'une once de balbutiement tactique volley-ballistique afin de faire dépenser 25 ou 50 cents au joueur occasionnel, c'est carrément du foutage de gueule ! C'est vraiment là que le bât blesse et c'est sur ce point qu'on peut tout reprocher à ce jeu. J'insiste : en soi, le jeu n'est pas mauvais (pour l'époque, s'entend) et si aucune référence au volley n'avait été faite, on aurait pu le trouver potable.
Là, c'est carrément pas possible.
P.S. : Promis, c'est vraiment le plus vieux jeu de volley-ball existant, je ne remonterai pas plus loin dans le temps avec mon yoTARDIS.
Autres avis
Wikipedia
- Rebound (jeu vidéo) — Wikipédia (PUB : article traduit de l'anglais par votre serviteur !)
Où se le procurer ?
- Ce jeu n'est bien sûr plus à la vente et ne devrait plus se trouver dans aucune salle ou aucun bar. Pour se le procurer physiquement, soit vous avez l'énorme chance de trouver une borne d'arcade et de pouvoir vous la payer sur eBay par exemple, soit si vous êtes l'heureux chanceux d'une borne d'arcade Pong, un kit d'upgrade existe pour la mettre à jour pour ce jeu. A vous de voir si cela en vaut la chandelle !
- Par émulation, il est inclus directement dans l'émulateur proposé ci-dessous.
- La documentation est disponible sur le site de l'International Arcade Museum.
Jouer en ligne
Aucun émulateur en ligne n'est disponible pour ce jeu ; pour l'essayer (juste comme ça en passant), voyez la section suivante.
- DICE
- Aucun tutoriel n'est disponible, mais si vous avez des difficultés à le faire fonctionner, vous pouvez toujours demander de l'aide en commentaire.
Vidéo de démonstration
Notes de bas de page
1. a, b, c et d Citations traduites de la publicité aux revendeurs.
2. Allez, juste pour l'anecdote, les schémas sont signés Steve Jobs (oui, Apple, iMac, iPhone, toussa). Par contre, rien n'indique qu'il ait participé d'une manière ou d'une autre à l'élaboration des circuits (et sinon, je pense qu'on le saurait. ;-) )
3. J'en ai déjà parlé dans mon précédent article sur le jeu "Dig & Spike Volleyball".
4. La documentation indique que selon la réception de la balle sur votre raquette, la balle rebondira selon 5 angles différents : deux devant vous, deux derrière, et un juste au-dessus de vous.